EPHEMERIDE MARS 2024

Lors des émissions des dernières années, l’éphéméride du mois de mars était consacré à des figures féminines de l’anarchisme en lien avec la journée internationale des droits des femmes. Pour 2024, nous rompons cette « tradition » car le mois de mars c’est aussi l’occasion d’évoquer la Commune de Paris et Kronstadt entre autres.

  • Le 18 mars 1871, alors que Paris est encerclé par l’armée prussienne, Thiers, chef du gouvernement de défense nationale, donne ordre à l’armée d’aller récupérer les canons en position sur les hauteurs de Montmartre. La population, opposée à cette mesure, entoure la troupe. Le général Lecomte commande le feu, mais les soldats mettent crosse en l’air. Des groupes d’insurgés se répandent dans la ville. Les autorités se replient sur Versailles. La Commune de Paris est en train de naître, elle sera proclamée le 28 mars. Tout au long de ce mois de mars 1871 d’autres communes ont été déclarées : Lyon, Toulouse, Marseille, Le Creusot, Narbonne notamment.

  • Le 18 mars 1882, lors d’un meeting à Paris, Louise Michel, désirant se dissocier des socialistes autoritaires et parlementaristes, se prononce pour l’adoption du « Drapeau noir » par les anarchistes.
  • Le 9 mars 1883, à Paris, une manifestation des « sans-travail », d’abord dispersée par la police, réussit à défiler. Sur son trajet, plusieurs boulangeries sont pillées et de violents affrontements ont lieu avec les forces de « l’ordre ». Louise MICHEL, drapeau noir en tête et Emile POUGET (qui sont à l’initiative de cette manifestation) sont arrêtés et poursuivis pour « excitation au pillage ». Ils seront condamnés à 6 et 8 ans de prison.
  • Le 7 mars 1921, l’armée Rouge (commandée par Trotski) ouvre le feu sur les forts de Kronstadt ; ceux-ci ripostent et réduisent les batteries au silence. La révolte des marins de Kronstadt qui s’insurgent contre le pouvoir des commissaires bolchéviques et contre la pénurie de nourriture et de denrées diverses avait débuté le 28 février. Les marins, se prononcent pour des « Soviets libres », dégagés de la tutelle politique des commissaires. Dès janvier 1921, 5000 marins avaient démissionné du parti communiste. Au mouvement pour de meilleures conditions de vie, se mêleront de fortes aspirations libertaires.
  • Le 8 mars 1921, le Comité Révolutionnaire Provisoire de Kronstadt écrit via radiotélégramme : « Kronstadt libérée parle aux ouvrières du monde entier : nous, ceux de Kronstadt, sous le feu des armes, sous les mugissements des obus qui déferlent sur nous (…) adressons notre salut fraternel aux travailleuses du monde. »
  • Les 17 et 18 mars 1921, la commune de Kronstadt succombe sous les coups de l’armée rouge bolchévique. Les communistes exécuteront des centaines de prisonniers ou de blessés. Les autres survivants qui n’ont pas fui en Finlande seront internés dans des camps, où beaucoup mourront de malnutrition ou bien fusillés par la Tchéka.
  • Le 10 mars 1923, à Barcelone, Salvador SEGUI est assassiné avec un autre syndicaliste Francesco COMES, meurtres commandités par le gouverneur de Catalogne. Salvador Ségui était un militant anarcho-syndicaliste de la C.N.T qui se battait notamment pour la création d’un syndicat unique plutôt que corporatiste.
  • Du 8 au 18 mars 1937, Espagne, la bataille de Guadalajara voit la victoire du camp républicain (brigades internationales et divisions commandées par l’anarchiste Cipriano MERA) sur le camp nationaliste qui voulaient s’emparer de Madrid.
  • Le 29 mars 1943, Espagne, neuf compagnons des « Juventudes libertarias » (Jeunesses Libertaires) qui luttaient dans la clandestinité sont arrêtés et garrottés à la prison « Modelo ». Ils feront partie des dizaines de milliers d’autres compagnons qui seront exécutés dans les premières années de la dictature franquiste.

  • Le 10 mars 1945, en Bulgarie, les 90 délégués de la « Fédération Anarchiste Bulgare », réunis en session extraordinaire pour étudier les moyens de résister au nouveau pouvoir communiste (qui impose la fermeture de tous les locaux de réunion et interdit les journaux anarchistes), sont arrêtés par la milice communiste et envoyés dans des camps de concentration, où ils seront torturés, puis astreints aux travaux forcés.
  • Le 22 mars 1968, le mouvement contestataire étudiant qui va prendre le nom de « mouvement du 22 mars », occupe les locaux de l’Université de Nanterre. Il est l’aboutissement d’une contestation grandissante emmenée par des groupes d’extrême-gauche, des anarchistes et des situationnistes. Né d’abord de revendications solidaires, comme la libération des manifestants arrêtés lors des actions contre la guerre du Vietnam, il aborde très vite la critique de la société et de l’autoritarisme.
  • Le 2 mars 1974, mort de Salvador PUIG ANTICH, garrotté à Barcelone, à 24 ans. Militant anarchiste du M.I.L (Mouvement Ibérique de Libération). Ce mouvement libertaire de guérilla urbaine ne fit jamais couler le sang. Puig Antich est arrêté en septembre 1973, quelques mois après l’auto-dissolution du M.I.L. Partout en Europe on s’est mobilisé pour demander en vain sa libération.
  • Le 27 mars 1977 en Espagne se tient le premier grand meeting national de la CNT, après 40 ans de dictature franquiste. Il rassemble 25 à 30 mille personnes et montre la vitalité de l’anarcho-syndicalisme. De nombreux intervenants prennent la parole et des messages de solidarité émanant des fédérations anarchistes et des sections de la CNT du monde entier, sont cités.