EPHEMERIDE AVRIL 2024

Pas de biographie de figures de l’anarchisme dans cet éphéméride mais des actions collectives auxquelles elles et ils ont participé. Et un lien avec notre rubrique « l’invité », Mathieu Léonard pour son ouvrage « l’ivresse des communards ». Nous évoquerons donc la Commune mais aussi quelque 40 ans avant, l’insurrection des Canuts à Lyon et enfin la bande du Matese qui en Italie en 1877 libéra plusieurs villages en y décrétant le communisme libertaire.

  • Le 9 avril 1834, à Lyon, début de l’insurrection des Canuts. Après l’échec des grèves de février puis le vote de la loi contre les associations ouvrières, le jugement des meneurs de février, ce 9 avril, met le feu aux poudre. L’armée occupe la ville et les ponts, mais déjà les premières fusillades éclatent avec la troupe. Aussitôt, les rues se couvrent de barricades. Les ouvriers organisés prennent d’assaut la caserne du Bon-Pasteur, et se barricadent en installant de véritables camps retranchés, comme à la Croix Rousse. C’est le début de la « Sanglante semaine ».
  • Du 10 avril 1834 au 11 avril 1834. Poursuite de l’insurrection des Canuts. De nouvelles fusillades ont lieu avec la troupe. Les insurgés s’emparent du télégramme, du quartier de la Guillotière, puis de Villeurbanne où les casernes sont prises. Le drapeau noir flotte sur Fourvière, St Mizier et l’Antiquaille. Les combats se poursuivent. Le quartier de la Croix Rousse est bombardée par la troupe qui a reçu des renforts. Parallèlement, tentatives d’insurrection à Saint Etienne et à Vienne.
  • Du 12 avril au 15 avril 1834. Fin de l’insurrection des Canuts. La troupe attaque et prend le quartier insurgé de la Guillotière, après avoir détruit de nombreuses maisons avec l’artillerie. L’armée reconquiert progressivement la ville et attaque pour la troisième fois le quartier de la Croix Rousse, massacrant de nombreux ouvriers. Le 15 avril, l’ insurrection des Canuts est matée dans le sang. Plusieurs centaines de victimes sont à déplorer. Les insurgés faits prisonniers seront jugés dans un « procès monstre » à Paris en avril 1835, et condamnés à la déportation ou à de lourdes peines de prison.
  • Le 4 avril 1871, assaut contre la Commune de Marseille. En effet, rappelons que plusieurs villes se soulevèrent à l’annonce de la révolution du 18 mars à Paris et proclamèrent à leur tour la Commune comme Le Creusot, Limoges, Lyon, Marseille, Narbonne, Saint-Étienne et Toulouse. Mais la plus longue et la plus puissante de ces insurrections eut lieu à Marseille (23 mars – 4 avril 1871) et se termina par une répression sanglante qui fit 150 morts.
  • Le 6 avril 1871, lors de la Commune de Paris, un bataillon de la Garde Nationale dépose devant la statue de Voltaire deux guillotines qui sont brulées devant une foule en liesse, aux cris de: « A bas la peine de mort »!
  • Le 6 avril 1871, à Paris, dans le « Journal Officiel de la Commune », Gustave Courbet président des artistes appelle ces derniers à se joindre à ses efforts pour le rétablissement des arts et la réouverture des musées. « Paris la grande ville, vient de secouer la poussière de toute féodalité.(…) Sa révolution est d’autant plus équitable qu’elle part du peuple. Ses apôtres sont ouvriers, son Christ a été Proudhon.(…) Le peuple héroïque de Paris vaincra les mystagogues et les tourmenteurs de Versailles, l’homme se gouvernera lui-même, la fédération sera comprise, et Paris aura la plus grande part de gloire que l’histoire ait enregistrée. (…) Adieu le vieux monde et sa diplomatie! »
  • Le 12 avril 1871. La Commune de Paris décrète : « Considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la république française, la fraternité, décrète : « Article unique : La colonne Vendôme sera démolie ». La colonne sera effectivement démolie le 16 mai.
  • Le 19 avril 1871, extrait de la « Déclaration de la Commune de Paris au Peuple français ». « La révolution communale commencée par l’initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres. (…) Nous, citoyens de Paris, nous avons la mission d’accomplir la révolution moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire. Nous avons le devoir de lutter et de vaincre! »
  • Le 5 avril 1877, dans le massif du Matese, au nord de Naples (Italie), un groupe d’internationalistes avec à leur tête Carlo Cafiero, Errico Malatesta et Cesare Ceccarelli (désignés sous le terme de Bande du Matese) libèrent plusieurs communes et villages montagnards en y proclamant le communisme libertaire.
  • Le 8 avril 1877, la bande du Matese libère le village de Letino. « Nous, soussignés Carlo CAFIERO, Errico MALATESTA, Pietro Cesare CECCARELLI, déclarons avoir occupé la municipalité de Letino, à main armée, au nom de la révolution sociale » ; rassemblée sur la place du village, la foule écoute les paroles de Cafiero, juché sur une croix où flotte un grand drapeau rouge et noir. Il explique aux habitants les principes de l’anarchie. Puis on décrète le communisme libertaire. Les titres de propriétés sont brûlés, ainsi que les archives de la monarchie et de l’Etat. Mais le massif du Matese est bientôt assiégé par l’armée qui capturera presque tous les internationalistes. Les inculpés, jugés à partir du 14 août 1878, seront finalement acquittés.
bandamatese
9782902963591fs 1